AUGMENTATION DES DETTES DES ÉTATS AFRICAINS : La thérapie de l’économiste Aimé Dadégnon pour sauver l’Afrique

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AUGMENTATION DES DETTES DES ÉTATS AFRICAINS

La thérapie de l’économiste Aimé Dadégnon pour sauver l’Afrique

Les pays africains après avoir élaboré leurs budgets sont souvent confrontés à des difficultés de financement de leurs projets de développement. Ainsi, pour faire face à cette conjoncture économique, ils font recours à des prêts extérieurs venant de bailleurs de fonds et d’investisseurs internationaux. Mais au fil des ans, les États africains ne font que s’enliser dans leur situation d’endettement devenant ainsi des débiteurs insolvables. Dans une interview exclusive, Aimé Kocou Dadégnon économiste et attaché de recherche à la Faculté des Sciences Economiques de l’Université de Parakou donne les raisons de l’endettement des pays africains tout en proposant des solutions afin que ces Etats puissent sortir de cet engrenage pour un nouvel élan de la croissance économique. Lissez plutôt.

Wilfried Ayinnin

Daabaaru : Ces dernières années, la dette extérieure de la plupart des pays africains a connu une augmentation. Qu’est-ce qui peut expliquer cet état de chose ?

Kocou Dadégnon : Il faut reconnaître que les Etats, dans leur mission régalienne élaborent chaque année un budget (Dépenses et recettes prévisionnelles). Mais généralement, à la suite de l’élaboration de ce budget, la plupart des pays se trouvent confrontés au problème de financement. Et ceci, en raison du fait que leurs dépenses sont généralement supérieures à leurs ressources. Il se crée alors un déficit budgétaire dont le financement ne peut se faire que par la dette. L’épargne intérieure étant toujours insuffisante pour financer ce déficit, les pays pauvres, comme le Bénin, font donc recours à la dette extérieure.

Le Bénin en particulier connait une relance et une évolution croissante de sa dette extérieure depuis 2006. En effet, celle-ci est passée de 324 Milliards en 2006 à 1 531 Milliards en 2018. Ces dettes occupaient une part importante dans le Produit Intérieur Bruit jusqu’en 2005 (50% du Pib en moyenne). Mais avec la relance économique dès 2006, malgré la croissance de la dette extérieure, elle occupe en moyenne 20% du Pib.

Au nombre des multiples raisons qui motivent l’endettement croissant du Bénin, on peut citer les ambitieux projets de développement du pays ; la croissance du Produit Intérieur Brut qui accroît la soutenabilité de la dette extérieure du pays sans oublier « l’effet boule de neige » caractérisé par un accroissement de nouveaux prêts pour financer le déficit budgétaire sans cesse croissant.

Quel est le seuil d’endettement normal pour un État comme le Bénin ?

Néanmoins, il est important de souligner que le niveau actuel d’endettement du Bénin n’est pas du tout alarmant. En effet, son ratio d’endettement, estimé à 32% du Pib en 2018 est largement en dessous de la norme prévue par l’Uemoa (70% du Pib). De plus, les pays les plus endettés au monde sont tous des pays riches : le Japon avec un ratio d’endettement de 238% de son Pib ; la Grèce, 182% du Pib ; les Etats-Unis, 105% du Pib et même la France avec 97% du Pib. Juste pour dire que la dette n’est pas mauvaise en soi mais c’est sa soutenabilité c’est-à-dire la capacité du pays à rembourser qui est le plus important.

Qui sont les créanciers des États dans cette situation ?

Les principaux créanciers du monde sont : le club de Paris (La France, l’Allemagne, le Japon, les Etats Unis, tous les pays de l’Ocde) ; le club de Londres ; la Chine et les Institutions Financières Régionales et Internationales (le Fmi ; la Banque mondiale ; La Bad ; la Bid ; la Boad…). Ces pays et institutions financent le développement sous forme d’Aides Publiques au Développement ; de dons et de prêts selon des conditions prédéfinies.
Selon vous, est-il possible que les pays africains tournent dos aux prêts extérieurs ? À quelles conditions ?

Il est presqu’impossible que les pays se développent sans recourir à la dette à cause de l’existence inévitable de gap entre les recettes et les dépenses des Etats. Mais il est néanmoins possible de s’abstenir de la dette extérieure à condition qu’il y ait une bonne politique de mobilisation d’épargne intérieure pouvant financer le déficit du budget de l’Etat. Ce qui n’est souvent pas facile dans le contexte africain où le revenu des ménages ne permet pas un arbitrage entre consommation et épargne. C’est-à-dire que le revenu suffit à peine à satisfaire les besoins vitaux ; du coup, le ménage cherche à emprunter au lieu d’épargner.

Votre mot de la fin

Bien que la dette, au sens propre du mot, semble être une mauvaise chose, elle permet aux Etats de réaliser leur développement à travers la bonne exécution de leur budget. Si toutes les puissances économiques du monde continuent de s’endetter, ce n’est pas le petit Bénin qui pourra faire l’exception.

Néanmoins, il doit maintenir son élan de croissance économique qui garantit la soutenabilité de ses dettes.

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Daabaaru