CULTURE : La tenue traditionnelle Tako en milieu Baatonu dans toute sa diversité . Fruits des travaux de recherches en licence de Raoul Séké et Kantchouan Nouanti

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Le Tako est une tenue vestimentaire qui caractérise les peuples Wassangari en milieu Baatonu. Loin d’être une simple tenue, elle joue le rôle d’hiérarchisation de la classe sociale des Princes Wassangari. Selon le Tako que chaque prince porte, il indique son rang et sa classe sociale. Mais force est de constater que les règles qui régissent le port de cette tenue ne sont plus respectées. En fin de formation de licence en journalisme à l’École Nationale des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Enstic), Raoul Séro Séké et Kantchouan Émile Nouanti ont fait leurs recherches sur la valorisation de cette tenue à travers un magazine radiophonique intitulé “Héritage”. Ils ont mené leur étude à Nikki, la capitale des royaumes Baatombu.

Abdoul Raouf Séro TOSSOUNON (Stg)

La tenue traditionnelle Tako est un véritable moyen de communication au sein du peuple Baatonu. Elle s’inscrit dans le patrimoine culturel des Baatombu du Nord Bénin.
Au cours de leur travail sur le thème, « La tenue traditionnelle Tako dans l’aire culturelle Baatonu de Nikki: une analyse sémiotique », Raoul Séké et Kantchouan Émile Nouanti ont tendu leur micro à quelques habitants de Nikki. Bio Séro Sika a fait savoir ce que représente le Tako. « Le Tako symbolise la souveraineté, la royauté et la dignité. La tenue Tako n’est pas à la portée de tout le monde. Elle était réservée à un peuple, les Baatombu Wassangari. Au fil du temps, les Boo et les Peulhs ont aussi commencé à porter le Tako.», a-t-il expliqué. Pour la plupart des habitants interrogés sur la question, ils rappellent que le Tako va de paire avec un prince Wassangari. Le Tako selon eux, est une tenue d’honneur qui augmente le respect des personnes qui la portent.

L’histoire du Tako

Yorou Yérima est un dignitaire du royaume de Nikki. Selon lui, « La tenue Tako est une tenue de guerre à l’origine avant d’être une tenue de prestige que tout le monde porte n’importe comment. C’est pour cela, on ne porte pas la tenue Tako avec un pantalon. La tenue est large. C’est pour pouvoir bien flécher, pour pouvoir bien courir attraper l’ennemi. Cette tenue là, est portée pendant la guerre ou bien à l’annonce de la guerre par notre danse qu’on appelle “Gbangba”. C’est au cours de cette danse que nos “Kourokou”, nos chanteurs nous excitent et il faut que tu donnes le meilleur de toi-même.» Il ajoute que cette tenue est comme un treillis pour le militaire. «Ce sont les Wassangari qui portent ça parce que ce sont eux qu’on envoie en guerre. Le Bariba, le propriétaire terrien, lui s’occupe de l’agriculture, la pêche et de la chasse. Le “Gando” lui il porte le Tako noir parce qu’il montre sa culture d’indigo. Lui, il est là pour noircir les tissus, il n’est pas prince, il n’est pas Wassangari, il n’est pas Bariba. Le Wassangari porte le Tako de la couleur de pintade.», a-t-il ajouté.

Positions du bonnet sur la tête

Le professeur Léon Bani Bio Bigou, spécialiste de l’histoire du peuple Baatonu, apporte des explications sur les différentes positions que peut prendre le chapeau sur la tête et leurs significations. « Quand le bonnet est penché vers la gauche cela veut dire que c’est le côté maternel. C’est-à-dire que ce que vous voulez obtenir c’est du côté maternel. Si c’est du côté droit, c’est le côté paternel. Quand vous voyez par exemple le bonnet vers le front avec la couleur blanche, ça veut dire que vous êtes un “Gobi” ou un “Yérima”. Gobi ou Yérima c’est quelqu’un qui avance dans le sens de la hiérarchie. Lui il évolue encore. Donc il y a une hiérarchie qu’il va gravir. Par ailleurs, ajoute-t-il, « Quand c’est devant, cela veut dire “j’avance”. Vous verrez que chez certains Gobi ou Yérima c’est derrière. Cela veut dire que lui, il a atteint un certain niveau et il y a d’autres derrières qui vont suivre.»

Quid de la tenue Tako ?

Après les bonnets, le Professeur Léon Bani Bio Bigou a donné des clarifications sur la tenue elle-même. « Quand l’enfant grandit, il y a d’abord une sorte de chemisette qu’on appelle “Dansiki”. C’est une sorte de tenue courte qui est un peu au dessus des genoux. Ça c’est pour les adolescents quand les parents ont les moyens. Après cette étape, il y a une autre étape avant l’étape de Tako qu’on appelle “Turu”. Le Turu est une forme de Tako mais sans manche. Ça s’arrête au niveau des épaules. Ça peut avoir les mêmes longueurs que le Tako mais vous n’avez pas les manches jusqu’au niveau des poignets. Quand on dépasse cette étape on arrive à l’étape de Tako. La tradition était stricte avant le colon. Mais aujourd’hui avec le monde moderne tout le monde porte le Tako selon son goût.», a-t-il expliqué.

Cette étude a bien porté ses fruits, car, elle a permis de faire un zoom sur la tenue Tako dans toute sa diversité.

À noter que Raoul Séro Séké et Kantchouan Émile Nouanti ont décroché leur licence professionnelle en journalisme le jeudi 20 juillet 2023. Ils ont obtenu la mention très bien avec félicitations du jury à l’issue de la soutenance.

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