Le politologue béninois Issa Ouorou Boni Richard a mené une réflexion sur la situation politique, économiques et sociales du Bénin. Ceci, dans le cadre de la célébration du 63e anniversaire de l’indépendance du Bénin. Dans son message, l’acteur politique a mis l’accent sur quatre points. Il s’agit de la crise économique qui secoue le Bénin depuis quelques temps, le chômage, l’état de la démocratie dans le pays et l’autocratie. Voici l’intégralité de sa réflexion.
Wilfried AGNINNIN
Béninoises et béninois
Cher.e.s compatriotes,
En ce jour de célébration de notre indépendance, je m’adresse à vous, en tant qu’acteur, pleinement investi dans le débat politique, avec une profonde conscience des défis qui pèsent sur notre beau pays le Bénin. Alors que nous nous unissons pour célébrer notre histoire, il est primordial que nous regardions de manière franche la situation actuelle de nos affaires nationales ainsi que les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, chaque jour plus complexes. Je souhaite aborder quatre points essentiels qui caractérisent aujourd’hui, notre vivre ensemble, et qui nécessitent d’être pris en compte, particulièrement par nos gouvernants, et qui devraient constituer le coeur de réflexion de nous tous en général, et des acteurs politiques en particulier, dans un souci du bien-être commun.
Premièrement, nous devons malheureusement admettre que notre pays fait face à un climat économique morose. La crise économique qui secoue notre nation a eu des conséquences désastreuses sur notre population. La crise de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine continuent d’éprouver toutes les nations et nos dirigeants ont pris des mesures de résiliences à cet effet, que je reconnais et je salue à sa juste valeur. Cependant, ces mesures, même si, au regard des chiffres macro-économiques gouvernementaux, semblent avoir porté leurs fruits, on note toujours des répercutions contraires sur nos populations. En effet, la pauvreté est en nette augmentation, et de nombreux Béninois luttent pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. La baisse de la consommation a exacerbé les difficultés économiques et entravé notre croissance. Il est impératif que nous abordions ces problèmes de front en mettant en place des politiques économiques plus efficaces et en encourageant l’investissement et l’entrepreneuriat.
Deuxièmement, le chômage représente un autre défi majeur auquel nous sommes confrontés, vu comme principale cause de la pauvreté croissante. Les opportunités d’emploi sont insuffisantes voire absentes, surtout pour nos jeunes talents qui aspirent à atteindre leur plein potentiel. Les gouvernants actuels mettent encore une fois en avant, des dispositions de facilitation de création d’emplois qui ma foi, montrent clairement leurs limites dans la mesure où celles-ci ne freinent aucunement l’augmentation de la pauvreté. Nous devons donc, activement promouvoir la création d’emplois par l’encouragement des innovations, en investissant dans l’éducation et en renforçant les partenariats avec le secteur privé. Aujourd’hui dans notre pays, les seules entreprises du secteur privé qui survivent sont celles ayant, soit fait allégeance aux gouvernants, soit celles détenues par les gouvernants eux mêmes ou leurs proches. Je voudrais préciser ici, qu’un État ne fait pas du commerce, et il ne choisit pas non plus ses administrés. La collaboration entre le gouvernement, les entreprises et la société civile est essentielle pour relever ce défi majeur.
Le troisième point de ma réflexion de ce jour concerne l’état de la démocratie dans notre pays. Il est important que nous cherchions à résoudre le problème du déséquilibre démocratique persistant qui s’observe dans notre pays ces dernières années. Le respect des droits de l’homme, de la liberté d’expression et la participation citoyenne doivent être garantis à tous les Béninois, sans distinction. Nous devons promouvoir une gouvernance transparente, responsable et inclusive, où chacun a une voix et où les décisions sont prises dans l’intérêt de tous. Le principe de la séparation des pouvoirs doit être effectif, pour la sécurité de tous, et ne doit aucunement être manipulé pour régler des comptes politiques, comme nous l’avions observé ces dernières années: osons le dire, il existe dans nos prisons, des détenus qui n’y ont pas leurs places. Nous avions connu des joutes électorales légales dans leur forme mais illégitimes au fond. La démocratie ne peut prospérer que lorsque nous respectons les principes fondamentaux qui la sous-tendent.
Le dernier point que je souhaite aborder concerne l’autocratie. Mes chers compatriotes, l’autoritarisme est un piège qui encastre les gouvernants et dans son engrenage, ils sont coupés de la réalité et refusent l’aide de toute intelligence extérieure au système. Or, dans la situation où nous nous retrouvons, la participation et la contribution citoyennes sont extrêmement importantes pour vaincre certaines problématiques telles que la misère ambiante, l’insécurité et le terrorisme auxquels nous faisons face. Nous devons renforcer notre engagement envers la justice sociale et l’égalité des chances. La lutte contre la pauvreté et l’extrémisme violent doit être une priorité absolue pour notre gouvernement et l’ensemble de notre société. Nous devons, pour cela, travailler main dans la main pour assurer la sécurité de tous les Béninois et pour promouvoir un environnement propice à la prospérité et à la paix durables.
Mes chers compatriotes, la route qui s’ouvre devant nous peut sembler difficile, mais je suis convaincu que nous possédons les ressources et la détermination nécessaires pour y arriver.
Dieu bénisse notre pays et que la prospérité ne s’écarte plus de notre chemin.
Bonne fête à tous et à toutes !
Issa Ouorou Boni Richard