UNE VIE UN METIER : Abdou Ousséni Parapé fait un retour sur sa carrière de policier

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UNE VIE UN METIER

Abdou Ousséni Parapé fait un retour sur sa carrière de policier

Abdou Ousséni Parapé est l’invité de cette semaine dans la rubrique une vie un métier. Ancien agent des forces de l’ordre et plus précisément formateur à l’école nationale de police, il a participé durant ses 30 années de carrière à la formation de milliers de policier faisant aujourd’hui la fierté de la nation béninoise. Alors, après 12 ans de retraite, Abdou Ousséni Parapé à travers cette interview fait le récit des temps forts ayant marqué sa carrière. Lisez plutôt.

Daabaaru : Pourquoi avoir intégré les forces armées béninoises ?

Abdou Ousséni Parapé : Je suis allé dans l’armée par vocation. J’étais vraiment passionné par tout ce qui était treillis depuis très jeune. Dans le quartier à l’époque je militais déjà bien qu’étant sur les bancs et j’étais même dans la milice populaire. On défilait même pendant la fête de l’indépendance puisqu’on avait reçu une formation préliminaire dans l’armée et la mairie nous avait même remis des tenues qu’on portait pour la circonstance.

Comment avez vous donc intégré l’armée proprement dite ?

J’étais encore sur les bancs en 1977 quand l’État a lancé un concours de recrutement dans l’armée. J’ai donc saisi cette opportunité qui s’est présentée à moi en déposant mes dossiers. J’ai été sélectionné pour les différentes épreuves écrites et sportives. On a alors rejoint l’école nationale de Police à Cotonou pour une première formation. Et puis une seconde formation dite « formation commune de base », de 3 mois qui s’est faite à Ouidah. C’est après cela qu’on est revenu à l’école nationale de police pour recevoir les cours théoriques et pratiques durant 9 mois. Des contrôles de connaissances ont été organisés à la fin. Les méritants ont été sélectionnés dont moi bien sûr puis on a été envoyé en stage. À la fin de ce stage d’un an, moi compte tenu de mes capacités physiques et intellectuelles, j’ai été retenu à l’école de police pour former les promotions à venir.

Quels sont les avantages de votre métier ?

Alors moi j’ai passé toute ma carrière à l’école de police. Et comme avantage à ce niveau, je dirai qu’il n’y a rien de plus passionnant que d’être le formateur des hommes appelés à défendre demain la nation, la population. Apprendre aux policiers de tout rang comment manier l’arme, la démonter, la nettoyer, et tirer. C’était vraiment intéressant. Ce métier, je l’ai fait par passion, donc le bien matériel, la richesse m’intéressait peu. Et avec du recul maintenant, quand je vois tous ceux là que j’ai formés qui sont aujourd’hui des commissaires, des inspecteurs, qui sont dans les services des nations unies, je me rends compte que vraiment ce métier est merveilleux.

Qu’en est-il des difficultés ?

Ouf ! Les difficultés, il y en avait. Vous savez, même à l’école, les élèves n’ont pas tous la même capacité d’acquisition du savoir. D’autres apprennent sur le champ, par contre chez d’autres il faut expliquer plusieurs fois avant qu’ils ne saisissent la notion. Donc ce n’est pas toujours facile pour le formateur encore qu’il y a souvent plus de 100 policiers dans une salle sans micro et il faut parler fort, expliquer pour la compréhension de tous, réclamer à chaque fois le silence malgré qu’on ne soit pas en face des enfants. J’avoue que j’en suis tombé malade. Comme difficulté encore, c’est qu’au début de cette fonction, on n’avait même pas 1f de prime et pendant des années. On se débrouillait comme ça, parce qu’on avait choisi. C’est bien après que les primes ont commencé par tomber. Il y en avait quand même assez de difficultés.

Quel a été le jour qui vous a marqué positivement au cours de votre carrière ?

Tous les jours ont été des moments de joie chez moi. Je ne me suis pas plains un instant de ce que je faisais encore que la collaboration avec les amis, les chefs hiérarchiques était bonne. Mais bon, je peux dire quand même qu’après ma retraite en 2008 j’ai été rappelé par l’école nationale de police pour être un collaborateur externe. Donc bien qu’étant à la retraite, je continuais par donner des cours. Mes chefs ont pu me faire confiance vu la dévotion avec laquelle j’ai servi pendant 30 ans. Ils ont vu en moi, quelqu’un qui avait encore à transmettre aux autres, qui pouvait apporter de son expérience aux générations futures. Ça m’a vraiment fait plaisir ça.

Un moment malheureux ?

Je n’en avais pas connu vraiment. Tout ce que je peux dire est que, la réalité dans le monde du travail est de telle sorte que seuls les enfants de riches arrivent à réussir sans difficulté. Et la corruption existe toujours et quand tu cherches à exercer ton métier dans la transparence, sans brimade, il y aura toujours des gens qui vont vouloir te mettre le bâton dans les roues, te retarder dans ton élan, qui utilisent la force pour avancer parce qu’ils sont enfants de telle ou telle autorité du pays et pour cela, se prennent la tête.

Quel regard portez-vous sur l’armée en général aujourd’hui ?

L’armée n’est plus ce qu’elle était avant. Les gens n’y entrent plus par vocation. Les choses sont devenues compliquées maintenant. Heureusement ce gouvernement à son arrivée fait l’effort de corriger les choses mais malgré cela il y a encore du travail à faire. Avant, on disait que pour intégrer l’armée il faut avoir 1m70 chez les femmes aujourd’hui avec 1m 60 déjà les gens sont dans l’armée. C’est pareil chez les hommes où avant il fallait avoir 1m75. Ce n’est plus le cas maintenant. Aussi il fallait avoir un certain gabarit pour prétendre être policier, ou gendarme ou même militaire. Donc en somme, tout a changé aujourd’hui et ça n’arrange pas dans tout les cas. Le policier qui avant veillait à la sécurité des populations n’est plus trop préoccupé par ça de nos jours. Quand vous allez au niveau des feux tricolores, c’est la désolation totale, les policiers au lieu de veiller à ce que les usagers respectent le code de la route, ne fassent pas des chargements hors gabarit, ils sont plutôt préoccupés par leur téléphone et bonjour les dégâts.

Un message à l’endroit de la jeunesse ?

Bon il ne faut pas qu’ils se découragent. Je le dis toujours, le découragement ne fait pas avancer un changement. Quand on dit changement, il faut qu’il y ait des casses. Avant on parlait de la corruption dans le rang des hommes en uniforme mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ils faut qu’ils suivent les pas du changement pour que ça soit bénéfique à tous, qu’ils se disent que nous sommes là pour ça, ça va changer et si ça change, c’est la fierté de toute la nation.

Votre mot de la fin?

Comme mot de la fin, je vais demander aux gouvernants de revoir la situation des retraités. Nous les retraités, on souffre vraiment. Avant, déjà le 25 du mois, le retraité pouvait aller prendre sa pension. Mais aujourd’hui, il fait partir des derniers à toucher sa pension ce qui n’est pas bien. Aussi la prise en charge des retraités doit être revue, car il a quelque part contribué à quelque chose pour sa nation et il ne doit pas être laissé à son propre sort à sa fin de carrière. Merci à vous pour cette occasion que vous m’avez offerte pour m’exprimer.

 

Propos recueillis et transcrits par Samira ZAKARI

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