ABANDON DE MARCHES SECONDAIRES CONSTRUITS A GRANDS FRAIS A PARAKOU : Mauvaise planification ou conséquence de la morosité économique ?

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ABANDON DE MARCHES SECONDAIRES CONSTRUITS A GRANDS FRAIS A PARAKOU
Mauvaise planification ou conséquence de la morosité économique ?

Les populations de Parakou comme partout ailleurs au Bénin, expriment tous les jours, de pressants besoins en marchés pour l’écoulement de certains produits et pour la promotion des petits commerces à la base. Ces besoins deviennent même des exigences impératives que ces populations portent à la connaissance des politiques pendant les campagnes électorales. Cependant, une fois construits à grands frais par la mairie, ils deviennent des ornements servant à tout sauf à leur objet initial. Soit, ils n’accueillent que quelques marchands isolés de manière sporadique et incongrue. Cette situation perdure et semble se présenter comme une quadrature du cercle pour les autorités de la ville. Pour mieux comprendre les raisons qui sous tendent cet état de chose afin de trouver une solution définitive pour un retour sur investissement à la municipalité, votre quotidien est allé à la rencontre de plusieurs acteurs et voici le résultat.

Barnabas OROU KOUMAN

Véritables lieux d’échanges de tout genre, les marchés sont des places publiques aménagés à des fins commerciales. Au fur et mesure que la pression démographie augmente, le besoin en services marchands s’accroit au sein des populations. Ce qui devient un casse-tête chinois pour les autorités. A Parakou, ce principe semble être bel et bien vérifié, car les traditionnels marchés qui existaient dans la commune semblent ne plus être à mêmes de répondre aux besoins des populations. Ceci à cause de l’exiguïté de ceux-ci face à l’accroissement démographique dans la commune. L’expansion exponentielle de la ville rend ainsi, le parcours pour se rendre à Arzèkè, Dépôt ou Guêma pénible pour les populations vivant dans les quartiers périphériques de la ville. Alors, ces dernières commencent par réclamer à cor et à cri la création de marchés dans leurs milieux de vie. « Quitter ici pour aller jusqu’à Arzèkè coûte au moins 600francs. Voilà pourquoi on a demandé la construction du marché», confie un habitant de Tibona dans le 1er arrondissement de Parakou. Chose paradoxale ! Quand certains marchés sont créés, ils peinent à s’animer ou même ne s’animent pas. Cette situation se présente comme la résultante de plusieurs facteurs.

Les causes de ce chaos

La situation de ces marchés secondaires inanimés à Parakou provient de plusieurs causes. Elles peuvent être classées en deux groupes. D’une part, il y a des causes politico-administratives. Selon le docteur Aboubacar Kissira géo-démographe, doyen de la Faculté des lettres, art et sciences humaines (Flash) à l’université de Parakou, cette situation provient tout d’abord des conditions dans lesquelles ces marchés en question sont installés. Il démontre que la création de ces marchés secondaires est souvent le fruit d’une démagogie des politiciens en quête d’électorat. Ainsi, on implante ces marchés sans aucune étude au préalable. «On ne se lève pas pour créer un marché. En tant que géographe, il y a une distance qui doit être observée. Est-ce que cette distance est observée ? Le marché secondaire par rapport au marché principal est à quelle distance. Quel est l’effectif de la population où le marché secondaire va être installé ? Quels sont les prix qu’on observe dans ce marché ? Est-ce que les prix sont abordables par rapport au marché principal ? Donc c’est toute une étude qui doit être faite avant de dire qu’on a un marché». Ce sont là quelques conditions préalables qui ont fait défaut dans la conception et la réalisation de ces marchés secondaires en question.
D’autre part, la non observation d’autres réalités endogènes peuvent expliquer cette inanimation de ces marchés. Le docteur explique, «nous sommes en sciences mais il ne faut pas oublier que les connaissances endogènes sont là, nous sommes des africains. Nous avons des gens qui ont ce qu’il faut pour qu’un marché créé qui a des difficultés s’anime. Il y a des cérémonies qu’il faut faire et des gens qui ont ce qu’il faut pour qu’un marché créé ne soit pas déplacé, pour attirer de la clientèle. Mais au plan scientifique on dira que cela ne tient pas ». Plus loin, il illustre cette hypothèse par un fait empirique, «Si vous allez de l’autre côté de Ségbana vers la frontière il y a un petit marché appelé Sanmian, si vous allez voir ce marché si on dit que c’est ce marché qui draine des commerçants de presque partout (N’dali, Parakou Tchaourou…) vous allez dire que c’est faux. Ce n’est même pas un grand espace ».
A tout ceci s’ajoute la prolifération des boutiques dans les maisons empêchant les potentiels clients de se rendre dans ces marchés de proximité. « Moi par exemple, si je veux prendre du cube ou sel, je me rends chez la vendeuse d’à côté au lieu d’aller au marché du quartier», confie dame Samoussiath résident au quartier Gah.

Que faire pour pallier à cette situation à l’avenir ?

Les solutions à cet état de chose ne sont pas à chercher loin. Même si pour les marchés déjà construits, l’issue semble incertaine, compte tenu des coups bas qui se déroulent en sourdine autour de ces leurs lieux a priori d’offres et de demandes. Pour le docteur Kissira la solution à ce problème réside dans la réponse aux questions suivantes, «Les prix sont-ils compétitifs ? Les cérémonies ont-elles été faites? La sensibilisation a t- elle été faite? Qui sont ceux qui viennent vendre là ? Ont-ils d’argent ? »
Voici donc, le diagnostic qui est bien fait. Alors, il va falloir que les autorités à divers niveaux prennent la mesure de la situation pour que les mêmes causes cessent de produire les mêmes effets.

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