CRISE AU SEIN DES FCBE
Une révélation de la fragilité des anciens partis
Sans grande surprise, le désormais ex président d’honneur des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) Boni Yayi a annoncé son retrait du parti que lui-même a fondé. Bien que cette décision ne soit pas surprenante au vue de la profondeur de la crise qui secoue la famille cauris depuis la dernière présidentielle où les militants de ce puissant parti ont été déçus par le candidat qui leur a été imposé au moment où leur regard était rivé sur certaines têtes, elle révèle quand-même la fragilité des anciens partis politiques du Bénin.
Certes, ce mécontentement a été étouffé en son temps par l’unité de façade des barons du parti, mais il est l’une des causes du fiasco du candidat imposé face à Patrice Talon. C’est alors que les militants Fcbe ont compris que leur parti n’est que le patrimoine de leur leader charismatique.
Une situation qui d’ailleurs n’est pas propre aux Fcbe mais plutôt commune à tous les anciens partis du Bénin. Ces partis qui ne tournent qu’autour d’une seule personne. Ainsi, le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) n’est rien d’autre que l’ombre de son président Adrien Houngbédji, Candide Azannaï reste le seul vrai contenu de Restaurer l’Espoir (Re), la Renaissance du Bénin (Rb) n’a été que la chose des Soglo. Étant ainsi, lorsque le point de vue de ce leader n’est plus partagé par ses lieutenants, le parti entre de plein pied dans une crise sans fin. Si par extraordinaire, le seul leader charismatique se retirait comme dans le cas d’espèce, le parti s’éteint par la suite.
C’est en cela que la réforme du système partisan qui est en cours est justifiée. Puisqu’il est temps que les partis politiques cessent d’être le patrimoine d’un individu mais plutôt des organisations politiques autour des idéaux qui réunissent des hommes et des femmes. Par conséquent, chacun se bat pour ces idéaux partagés par tous, au lieu d’être admiratif d’une personne qui ne brille que pour un temps.
Même si aujourd’hui la réforme du système partisan n’est pas encore à cette étape idéale souhaitée par tous, elle se présente déjà comme une véritable panacée à de graves crises comme celle que traverse actuellement le parti Fcbe dont la disparition de l’échiquier politique national se précise progressivement. Puisqu’il est clair pour tous les béninois que sans Boni Yayi, le parti Fcbe n’est presque rien en matière de représentativité sur la scène politique.
Donc, la situation que traverse le parti de Boni Yayi vient donner raison à Talon qui rêve de voir des partis forts autours des idées fortes et non des formations politiques assises sur le charisme d’une seule personne.
Edouard ADODE
